NOTES
Analysant les premiers temps de l'idolâtrie, l'abbé de Tressan écrit: « Dans l'île d'Orcade l'image de Diane étoit un morceau de bois non travaillé. A Chyteron, Junon Thespia n'étoit qu'un tronc d'arbre coupé; celle de Samos une simple planche. » (La mythologie comparée avec l'histoire, Dufour, Paris, 1813 -c'est l'édition de 1804 qui se trouvait à Hauteville House-, p. 41.)
Le même ouvrage, citant Bérose, évoque Oannès en des termes plus proches de ceux de Hugo, à la phrase suivante, que ne le font d'autres compilations de mythologie: « Un homme, ou plutôt un monstre moitié homme et moitié poisson, sorti de la mer Erythéenne, parut près de Babylone. Il avoit deux têtes; une supérieure, semblable à celle d'un homme, et une inférieure, semblable à celle d'un poisson. Il avoit des pieds d'homme, l'on appercevoit une queue de poisson; du reste, sa voix et sa parole étoient semblables à celles d'un homme: on conserve encore son image. Ce monstre, selon l'auteur chaldéen, demeuroit le jour avec les hommes sans manger; il leur donnoit la connoissance des lettres et des sciences; il leur enseignoit la pratique des arts, la manière de bâtir des villes, des temples, d'établir des lois; il leur donnoit des principes de géométrie, leur apprenoit à semer, à recueillir les fruits, en un mot, tout ce qui pouvoit contribuer à les polir et à leur donner d'autres moeurs. Au soleil couchant, il se retiroit dans la mer et passoit la nuit dans les eaux. Il en parut d'autres semblables à lui, et Bérose avoit promis de révéler ces mystères dans les histoires des rois; mais il ne nous en est rien resté. Ce poisson se nommoit Oannès. Il avoit laissé quelques écrits sur les origines, dans lesquels il enseignoit qu'il y avoit eu un temps où tout n'étoit que ténébres et eau. » (ibid;, p. 12-13)
Plus loin, l'évocation d'Isis semble également inspirée par ce qu'en dit Tressan: « "La mythologie égyptienne, dit Plutarque, a deux sens, l'un sacré et sublime, l'autre sensible et palpable. C'est pour cela que les Egyptiens placent des sphinx à la porte de ce leurs temples. Ils veulent par-là nous faire entendre que leur théologie contient les secrets de la sagesse, sous des paroles énigmatiques. On peut supposer le même but à l'inscription qu'on lit à Sais, sur une statue de Minerve ou Isis : Je suis tout ce qui est, tout ce qui a été, tout ce qui sera, et jamais mortel n'a levé le voile qui me couvre." » (p. 26)